L'agriculture en Sardaigne


L’ Agriculture Sarde  : Données Essentielles

L’agriculture sarde est très ancienne. A partir de 6000 av. J.-C., furent successivement introduits , en provenance de l’Est de la Méditerranée, les céréales ( blé, orge ), des animaux domestiques ( ovins, caprins ), des arbres fruitiers et la vigne . Dans l’Antiquité, la Sardaigne fournit des céréales à Rome. Le grand agronome latin Palladius a exploité, au V° siècle de notre ère, des propriétés en Campanie et en Sardaigne ; et dans son ouvrage «  De Re Rustica », il a exposé les données essentielles de son temps en s’appuyant notamment sur son expérience sarde.

Il y a globalement deux types d’agriculture en Sardaigne :

1 / . Une agriculture austère de montagne ( Gallure, au Nord ; grand massif central , Gennargentu ; Iglesiente, au Sud-Est ) tournée principalement vers l’élevage ovin : le troupeau sarde , le premier d’Italie, représente 30% du cheptel ovin italien ; 14500 propriétés se consacrent à cet élevage qui compte 2800000 ovins ( en outre, 250000 bovins, 210000 caprins, 200000 porcins, 1150000 volailles ).

En montagne, pâturages et terrains de parcours sont situés autour de villages souvent gros, constitués de maisons de pierre ( granite, schiste ) serrées le long d’un lacis de ruelles étroites, en position défensive. Ces villages ont connu, au XX° siècle, une importante émigration de familles entières ou d’hommes jeunes ( 20 à 40 ans ) partis pour aider financièrement leurs familles restées au village d’où un déficit d’hommes adultes. Pour endiguer le déclin économique montagnard, la région Sardaigne finance actuellement un projet de développement de la filière   Zootechnie – Production fourragère   qui tend à promouvoir et à améliorer les élevages ovins et caprins. Aussi, du fait de cette orientation zootechnique prioritaire, la surface aménagée en pâturages et en herbages a augmenté de 22% depuis 1990.

En montagne, à côté de la production zootechnique dominante, sont exploités, en moyenne altitude, des châtaigneraies à fruits et, en fond de vallées, de petits vergers, quelques cultures maraîchères et de modestes champs de céréales ( blé, orge ) à faible rendement.

2 / . Une agriculture plus performante dans les plaines et les collines basses.

Les plaines font heureusement contraste avec les austères montagnes sardes, mais elles n’occupent que 10% du territoire. En Sardaigne, deux plaines ont un intérêt agricole significatif.

A / . Au Nord-Ouest, la NURRA, petite plaine de remblaiement récent entourée de collines tertiaires. Jusqu’à un passé récent, seules les collines ont été cultivées en vignes, en oliviers, en céréales ( blé dur, blé tendre, orge ) et en légumes (fèves, artichauts ) car la plaine était malarienne et, comme le Metaponte (dans le golfe de Tarente ), n’était utilisée que comme pâturage d’hiver par des troupeaux transhumants.

Cette plaine a fait l’objet de travaux de drainage ; et des terres nouvelles ont été destinées surtout à la culture de céréales (blé dur, orge ), mais aussi à d’autres productions telles que les légumes de plein champ.

B / . Au Sud-Ouest la grande plaine du CAMPIDANO qui mesure environ 80 km de long sur 20 à 25 km de large (environ 180000 ha ). Cette plaine a été progressivement gagnée à l’agriculture moderne à partir de Cagliari. Autour de Cagliari, un bocage maraîcher bénéficie d’une irrigation bienvenue. Selon P. George, ce bocage «  rappelle les jardins du terroir de Tunis ou de la plaine de Grombalia à l’approche du cap Bon «   ; les figuiers de Barbarie formant clôtures cernent des colture promiscue ( cultures mixtes ) : agrumes, amandiers sous lesquels des légumes variés, notamment artichauts et tomates, prospèrent.

Plus loin vers le Nord, on observe un paysage de campagne ouverte qui succède au décor maraîcher. Les villages y sont nombreux et regroupent plusieurs centaines de familles. C’est le domaine des cultures sèches où domine l’assolement  céréale ( blé dur surtout, orge, blé tendre) – jachère  ou mieux l’assolement céréale – fève. Et c’est dans le Campidano que l’on récolte plus des 3/4 de la récolte sarde de céréales ( de l’ordre de 2 à 3000000 qx , dont plus de la moitié en blé dur ) .

Sur les éboulis qui longent l’abrupt de faille, des vignobles sont installés et il est clair qu’en ces lieux aucune autre spéculation agricole ne pourrait être établie .

En Sardaigne, la vigne, tout comme les céréales, a été très anciennement cultivée en provenance de l’Est de la Méditerranée . Mais du fait du long isolement de l’île, les vins sardes n’ont acquis que très récemment une notoriété partagée entre les nationaux et les visiteurs étrangers d’un tourisme en développement . Tous les types de vins ( rouges, rosés, blancs secs et moelleux ) sont élaborés, les meilleurs étant détenteurs de la Denominazione di Origine Controllata ( DOC ) qui garantit leur qualité et leur provenance. Les vins sardes sont le plus souvent issus d’un seul cépage .
== Parmi les vins blancs secs, citons le Nuragus de Cagliari subtilement parfumé, à base du très ancien cépage nuragus, et le célèbre Vernaccia d’Oristano, fruité, charpenté, vieilli 3 ans en fût de chêne et titrant 15° d’alcool . La région du Campidano produit le fruité Semidano.

== Nombre de vins blanc moelleux sont issus des cépages muscat et malvoisie ( = vermentino ) . Ex. : Moscato di Cagliari, Malvasia di Bosa .

== Les vins rouges, produits dans toute la Sardaigne, sont principalement issus des cépages cannonau et monica . Certains Cannonau DOC sont corsés, charpentés, de bonne garde et d’honorable qualité . Les Monica , parfumés, se boivent jeunes . Ces deux cépages entrent aussi dans la constitution de vins rouges spéciaux comme le fameux Oliena ( Nuoro ) fortement alcoolisé et très parfumé.

La politique vinicole sarde s’efforce de promouvoir la qualité en poussant à l’élimination des vignes médiocres et en encourageant la profession à obtenir la DOC : aussi 29% de la production œnologique correspondant à 19 crus, soit 240000 hl, bénéficient de l’appellation DOC ; c’est, en proportion, une performance supérieure à celles des autres régions italiennes. Un seul vin de haute tenue a le label DOCG ( Denominazione di Origine Controllata e Garantita), sachant qu’il faut au moins 5 ans à une DOC pour obtenir la DOCG .
Quelques DOC comme le Vermentino di Sardegna et le Carignano del Sulcis sont particulièrement dynamiques.

En plaine, les cultures de plantes annuelles, se traduisant par des ensemencements de blé dur, d’orge, de betterave à sucre et de plantes maraîchères, occupent 69% de la surface. Et depuis 1990, les surfaces ensemencées ont augmenté de 5,5%, celles des jardins horticoles familiaux de 10% ; la culture des fleurs ( à couper ) et des plantes en pot se développe. En Campidano, notamment autour de San Gavino, le safran ( Crocus sativus , Iridaceae ) est cultivé : on prélève les stigmates des fleurs violettes à l’automne pour teindre les tissus ou pour colorer et épicer les plats.

Globalement, la production des céréales ( blé dur surtout, orge,…) représente 4% de la production totale agricole de la Sardaigne ; celle de la pomme de terre et des plantes maraîchères (tomate, artichaut,..) 22% : elle tend à augmenter car la demande croît .Vigne et olivier, avec 4%, sont stables . La production d’agrumes prospère ( + 12,3% ). La culture de la betterave et l’industrie sucrière se tassent .

Quant à la production animale montagnarde, elle représente le 1/3 du potentiel agricole sarde

( lait : 13% ; viande : 20% ). A cela s’ajoute la laine des ovins et son exploitation artisanale et industrielle. Ajoutons que le liège prélevé dans de nombreuses suberaies de plaines et de collines, et le sel retiré des salines situées notamment près de Cagliari, sont aussi d’importantes productions sardes .

Il n’en reste pas moins qu’au total l’agriculture sarde n’est pas très développée. Son niveau de productivité est nettement inférieur à celui de l’Italie du Sud et de la Sicile(de l’ordre de moins 50%) . Elle montre les symptômes préoccupants de fléchissement que sont la difficulté de sortir de méthodes archaïques d’exploitation, la fragmentation des propriétés, la sous-utilisation de la ressource « eau » et de l’irrigation, …Aussi une agriculture de qualité est-elle encouragée par la région Sardaigne. Comme dans d’autres régions d’Europe, des agriculteurs clairvoyants s’efforcent de faire progresser qualitativement leurs productions en vue de l’obtention d’un label ( nous l’avons vu pour la vigne et les vins ). Ont obtenu ou sont en cours d’obtention d’une Appellation d’Origine : le Pecorino sardo ( fromage de brebis ), l’huile extra-vierge d’olive, le safran de Sardaigne, la petite tomate ( pomodorino ) de Sardaigne, l’artichaut sarde, le riz des rizières de Santa Giusta(au Sud d’Oristano, côte Ouest) le pain Caresau, la bottarga (œufs de rouget-barbet salés ). En outre, la région Sardaigne finance deux programmes engagés pour défendre la biodiversité : un programme signalé plus haut «  Zootechnie (ovins-caprins)- Fourrages » et un programme «  Productions Semencières » . L’agriculture biologique tend aussi à se développer : elle concerne actuellement 8300 propriétés soit environ 7% du potentiel agricole sarde .

Soulignons enfin que la Sardaigne est une des plus importantes réserves naturelles de Méditerranée et d’Europe : sites, flore et faune sont ainsi protégés ; citons le Parc National du Gennargentu au centre ( 60000 ha ), le Parc National de l’île d’Asinara ( environ 10000 ha ) au Nord-Ouest, le Parc de l’île de la Maddalena au Nord-Est, …Indiquons que l’UNESCO a inscrit au Patrimoine de l’Humanité le Parc Géominier de la Sardaigne et la «  Reggia Nuragica di Barumini ( Su Nuraxi ) » symbole de la mystérieuse civilisation préhistorique des nuraghi .

( L. Albertini, 27-03-2007, avec des données de Pierre GEORGE ( 1973) et INTERNET (2007))

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